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samedi 30 mars 2013

se souvenir de l'affaire thomas crown

"Elle se planta devant la grande glace de l'entrée et vérifia que sa tenue était impeccable. Face au miroir, elle releva légèrement une de ses épaulettes, et rêva qu'elle évoquait Faye Dunaway dans L'Affaire Thomas Crown. L'actrice, dans ce film, jouait le rôle d'une détective dans une compagnie d'assurances, perspicace et aussi froide qu'un couteau. Supercool et sexy dans son tailleur de femme d'affaires. Bien entendu, Aonamé ne ressemblait pas à Faye Dunaway mais elle dégageait une aura du même type. Du moins, il y avait quelque chose. C'était une atmosphère spéciale qui émanait de son professionnalisme de haute volée. D'ailleurs dans son sac à bandoulière, elle avait enfoui son automatique, dur et froid."



Haruki Murakami, 1Q84 - Livre 2, 2009, p 455, 
traduction d'Hélène Morita, 10/18 n°4605


"Comme dans le film.
– Ah bon, et lequel ?
– Un très bon film. Avec Steve McQueen. Euh... le titre m'échappe.
– L'Affaire Thomas Crown, dit Aonamé.
– Voilà, c'est ça. Faye Dunaway était détective dans une compagnie d'assurances. Spécialiste des assurances contre le vol. Et Steve McQueen un super-milliardaire, et, par hobby, il commettait des délits. C'était un film intéressant. J'étais au lycée quand je l'ai vu. Ah, et puis, j'aimais bien la musique. très chic.
– Michel Legrand."
Le chauffeur fredonna les quatre premières mesures. Puis il jeta un oeil dans son rétroviseur et examina encore une fois le visage d'Aonamé.
"Madame, il me semble que vous avez quelque chose qui rappelle un peu Faye Dunaway, non ?
– Je vous remercie", dit Aonamé. Elle dut faire un effort pour cacher le petit sourire qui lui vint aux lèvres."


ibid, p 459


Mes billets sur THE THOMAS CROWN AFFAIR de Norman Jewison.

bonus : Faye Dunaway dans BONNIE AND CLYDE d'Arthur Penn.

vendredi 29 mars 2013

se souvenir du voyage fantastique...

"Elle avait vu longtemps auparavant un vieux film de science-fiction à la télévision. Elle en avait oublié le titre. Il racontait l'histoire de savants qui réduisaient leur propre corps au point qu'ils n'étaient plus visibles qu'au microscope, et qui s'embarquaient dans une sorte de sous-marin (également minuscule), circulant dans les vaisseaux sanguins d'un malade, et qui parvenaient ainsi jusqu'à son cerveau – dans le but de pratiquer une intervention chirurgicale complexe qu'il aurait été impossible d'effectuer normalement. Ma situation s'en rapproche, se dit-elle. Je suis dans le sang de Tengo, je circule dans son corps. Tout en luttant violemment avec les globules blancs qui se jettent sur ces corps étrangers (c'est-à-dire moi) pour s'en débarrasser, je me dirige vers l'objectif, la cause du mal." 

Haruki Murakami, 1Q84 - Livre 2, 2009, p 418, 
traduction d'Hélène Morita, 10/18 n°4605

"En somme, maintenant, je suis dans Tengo. Comme ces savants du Voyage fantastique. Ah oui, c'était ça le titre du film. Le simple fait de se souvenir de nouveau du titre lui remonta le moral d'un cran."

ibid, p 432


Mes billets sur FANTASTIC VOYAGE, le film génial de Richard Fleischer !

samedi 18 août 2012

le dernier rivage...

"Un peu après, par hasard, Aonamé regarda à la télévision le film Le Dernier Rivage, diffusé tard dans la nuit. Un film américain qui datait des années soixante. Une guerre totale avait éclaté entre l'Amérique et l'Union soviétique. Une énorme quantité de missiles atomiques volaient superbement entre les continents comme des des bancs de poissons volants. La planète allait être subitement anéantie, le genre humain allait disparaître presque partout. Seule l'Australie était épargnée par la retombée des cendres radioactives mortelles grâce ç une certaine direction du vent. Toutefois, ce n'était qu'une question de temps avant que les cendres atteignent aussi ce continent. La destruction du genre humain était inévitable. Complètement impuissants, les survivants attendaient sur ces terres la fin imminente. Chacun vivait les derniers jours de sa vie sur un mode différent. Tel était le sujet du film. Un film sombre et désespérant. (Malgré tout, en le visionnant, Aonamé eut de nouveau la certitude que tout un chacun, au fond de soi, attend l'arrivée de la fin du monde.) Ah... voilà donc ce qu'éprouvaient les hommes en recevant un grand coup de pied dans les testicules, songeait-elle, alors qu'elle regardait Le Dernier Rivage seule au milieu de la nuit." 
Haruki Murakami, 1Q84, Livre 1, Belfond, traduction d'Hélène Morita

Décidément, ce roman est étonnant car non seulement semble-t-il prendre un malin plaisir à mêler les genres tout en distillant une délicieuse sensation de malaise à mesure que le récit progresse et que l'on commence à douter de tout comme son héroïne Aonamé. Mais quelle n'a pas été ma surprise de lire ce passage où il était question du film de Stanley Kramer dont j'ai déjà parlé ici (voir , puis , et encore , et enfin ).
Mais ce n'était pas la première fois que je trouvais une référence directe à ce film que j'aime beaucoup car j'en avais déjà trouvé une trace conséquente dans Julian de Robert Charles Wilson paru chez Denoël dans la collection Lunes d'encre. Le héros démiurge retrouvait le dernier film conservé sur pellicules et réussissait à se le projeter même si la copie était muette. Et ce film était donc Le Dernier Rivage, comme une métaphore de cette Amérique d'après la Chute.
Comme quoi, hein, il n'y a pas de coïncidences...