jeudi 30 septembre 2010

indiscrétions

"Dexter, would you mind doing something for me ? Not at all. Get the heck out of here."

Formidablement réalisé en 1940 par George Cukor sur un scénario brillant de Donald Odgen Stewart adaptant la délicieuse pièce à succès de Philip Barry, cette merveille indémodable qu'est THE PHILADELPHIA STORY était en outre produite par Joseph Mankiewicz et réunissait avec bonheur le couple Katherine Hepburn-Cary Grant du BRINGING UP BABY d'Howard Hawks. Cette même année Grant tourna aussi HIS GIRL FRIDAY avec Hawks tandis que James Stewart jouera un de ses plus beaux rôles en tournant dans THE SHOP AROUND THE CORNER sous la direction d'Ersnt Lubitsch.
Ne vous méprenez pas sur cette énumération de noms (car il y en aurait encore tant d'autres, même pour ce film) car elle n'est qu'un reflet de l'amour immodéré que j'ai pour les comédies américaines de cette époque, le talent des comédiens qui les ont joué, le génie des artisans besogneux qui les ont portées à l'écran. Tout comme chez Preston Sturges, même si ce n'est pas ostensiblement affiché, le souci de donner du bonheur en faisant rire et en amusant, quitte à aussi faire réfléchir, est constamment là. Les Etats-Unis sortaient tout juste de leur grande Dépression et ils avaient d'autant plus envie de rire qu'une partie du monde était déjà en guerre. On a du mal pourtant à y penser tant on est embarqué dès les premières images de ce vaudeville intelligent et si excellemment servi par des comédiens au meilleur de leur forme.
Deux indices cependant témoignent de l'esprit du temps d'alors : lorsqu'il revient de la piscine avec Tracy dans les bras, Connor chantonne 'Somewhere Over the Rainbow', clin d'oeil au WIZARD OF OZ sorti l'année précédente ; tout au long du film, les personnages fument comme des pompiers (surtout Stewart) et boivent plus que volontiers, y compris dès le réveil.






mercredi 29 septembre 2010

mardi 28 septembre 2010

les voyages de sullivan

Il y a finalement quelque chose d'absolument chaplinesque dans le SULLIVAN'S TRAVELS de Preston Sturges même si la filiation initiale semble être à rechercher du côté de Capra. Ecrit et réalisé par Sturges (homme à femmes éclectique qui fut inventeur et écrivain avant de devenir scénariste puis metteur en scène), le film est à la fois une parabole humaniste généreuse, une comédie pétaradante et un hymne au cinéma en tant que vecteur de bonne humeur dans un monde qui part à vaut-l'eau.
On pourrait, cyniquement, reprocher à Sturges de valider, à sa manière (mais Capra ne faisait-il pas de même ?) le modèle américain de société dans lequel la pauvreté est considéré comme une fatalité biblique ou une maladie contagieuse, mais ça serait faire bien peu de cas de son succès. Il faut en effet voir ce film, comme il faut voir Capra et Chaplin pour comprendre que, oui, comme le dit Sullivan, le cinéma peut aider à faire comprendre le monde et à le changer, même si, pour commencer, il peut faire rire et, ce faisant, donner du plaisir aux gens.
La séquence de la projection dans cette église perdue dans les marais, avec ces bagnards rentrant lentement au son de 'Let My People Go' entonné par les paroissiens noirs avant que tous, unis dans la même communion, rient de bon coeur aux malheurs de Pluto est une merveille du genre.
Sinon, bien sûr, il y a le duo Joel McCrea-Veronica Lake qui ne participe pas qu'un peu au charme du film et à son efficacité. Joel McCrea, star du western qui en tourna jusqu'à sa mort, est ici aussi à l'aise qu'un Cary Grant. Mais la palme revient à la jeune (elle n'avait que 18 ans au moment du tournage) et petite Veronica Lake qui interprète cette mystérieuse apprentie comédienne (qui rêve de rencontrer Lubitsch !) qui va sauver Sullivan de lui-même. Elle est tout simplement merveilleuse.






lundi 27 septembre 2010

crazy heart

"Those are the ugliest goddam boots I've ever seen in my life.
Was the salesman threatenin' to shoot your dog ?"

CRAZY HEART est un film splendide, écrit et réalisé par un comédien, Scott Cooper, d'après le roman de Thomas Cobb. C'est un film sur la country music, la rédemption, l'alcool, les femmes, les enfants, la filiation artistique, l'Arizona, Jeff Bridges et aussi le sens de la vie.
C'est surtout un film dans lequel Jeff Bridges, vieux briscard du cinéma (aux côtés d'un autre, Robert Duvall, égal à lui-même) démontre qu'il est toujours un formidable acteur mais aussi un chanteur épatant. Il a avec raison reçu l'oscar du meilleur acteur pour sa performance et 'The Weary Kind' a reçu celui de la meilleure chanson ! On y entend aussi chanter Colin Farrell, mon Ecossais favori qui interprète ici une star de la country ! On y voit aussi la délicieuse Maggie Gyllenhaal qui confirme ce que j'avais deviné en regardant STRANGER THAN FICTION : un type qui chante en jouant de la guitare emballe ce genre de fille du premier coup !








samedi 25 septembre 2010

guet-apens

"You're full of 'ifs'... So are you, baby."

Réalisé en 1972 sur un scénario de Walter Hill adaptant un roman de Jim Thompson par un Sam Peckinpah qui avait visiblement encore du ressort THE GETAWAY (1972) est l'un de mes films favoris pour une pléthore de raisons (dont cette introduction n'est pas la moindre) que je vous livre dans le désordre où elles me reviennent.
Primo, donc, la distribution est une merveille : Steve McQueen y trouve l'un de ses meilleurs rôles en incarnant un type assez désagréable avec une classe qui nous empêche cependant de le trouver antipathique. McQueen sortait du flop de LE MANS et n'avait pas encore connu le succès grâce à PAPILLON ; le film de Peckinpah est d'autant plus une parenthèse inédite. Au passage il initie, dans la scène du train, une méthode d'endormissement que, fallacieusement, comme tant d'autres, je croyais avoir été inventée par Schwarzeneger dans COMMANDO.
Secundo, ensuite, la distribution : Ali MacGraw, beauté diaphane brune (car le vrai méchant n'aime que les blondes), est une vraie garce, prête à tout pour son homme. La preuve, elle épousera ensuite Steve McQueen et retournera avec Peckinpah dans CONVOY. On  retrouve aussi Ben Johnson, un habitué qui était déjà de MAJOR DUNDEE, WILL PENNY et THE WILD BUNCH.
Tertio, l'histoire n'est pas celle que l'on croit. Loin d'être la cavale (sans issue ?) de nouveaux Bonnie & Clyde au Texas, le film raconte plutôt comment un couple essaye de se reconstruire en dépit des outrages du temps (l'incarcération de Doc), les mauvaises surprises et les avanies de l'existence. Il a du coup une amertume inattendue et une mélancolie amère qui ne sont pas sans rappeler celles de TWO FOR THE ROAD de Stanley Donen réalisé en 1967.
Quarto, la musique composée par Quincy Jones est assez discrète quoique totalement dans son époque ; les parties jouées à l'harmonica sont assurées par le grand Toots Thielemans !
Quinto, le film a été tourné au Texas mais se termine au Mexique et peut, comme tous les autres films de Peckinpah (hormis CROSS OF IRON ?) comme un western suivant le même sillon entamé dans MAJOR DUNDEE. Il tournera ensuite quelques films dont BRING ME THE HEAD OF ALFREDO GARCIA !
Sexto, Walter Hill commencera sa carrière de cinéaste trois ans plus tard en réalisant HARSH TIMES avec Charles Bronson !

vendredi 24 septembre 2010

fais pêter les basses bruno

Alors que la polémique sur HORS-LA-LOI de Bouchareb commence à faire frêmir d'un plaisir coupable les médias nationaux, la lecture de Fais péter les basses, Bruno ! se révèle aussi nécessaire que sans aucun rapport avec cette évocation liminaire d'une énième tempête médiatique dans un verre d'eau nauséabonde. Ecrite et mise en images par Baru* qui a pour cela reçu le Grand Prix d'Angoulême en 2010, l'histoire raconte, pour aller vite, un casse perpétré par des racailles de banlieue alliées, pour la circonstances, à de vieux briscards qui se sont connus lors de la Guerre d'Algérie. Cela donne un polar épatant qu'on lit d'une traite et que je conseille sans modération aucune.

ps : n'oubliez pas d'offrir à vos amis Vie de merde au boulot...

* à ne pas confondre avec le crocodile préhistorique australien du même nom...

mardi 21 septembre 2010

alexandre le bienheureux

"Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? 
– Moi ? Oh, rien..."

Depuis des semaines que la juste lutte contre l'inepte et réactionnaire réforme des retraites a commencé et personne n'a encore cité l'exemple de ALEXANDRE LE BIENHEUREUX d'Yves Robert. C'est pourtant une pièce essentielle du dispositif que tous ceux encore hésitants ainsi que ceux qui iront manifester jeudi devraient voir ou revoir. Pour l'avoir apprécié dimanche soir, je comprends mieux que ce film, vu enfant à la téloche, ne repasse plus depuis. Trop subversive cette comédie en apparence légère, ce conte bucolique au charme si terrien !
Pensez donc, dans la France du "travailler plus pour gagner moins" qui voudrait nous faire travailler plus longtemps pour avoir moins de temps (et moins d'argent) pour en profiter ensuite, un homme qui cesse le travail, dort pendant deux mois et ne se relève que pour aller à la pêche et jouer au billard ! Ce dangereux énergumène, ce trublion apolitique c'est Philippe Noiret dans un de ses, sinon, son meilleur rôle. Autour de lui, des seconds couteaux (Richard, Carmet...) et une délicieuse (jusqu'à un certain point) Marlène Jobert.
Enfin, il y a encore la musique de Vladimir Cosma (et la très belle chanson d'Isabelle Aubret).
ps : la ressemblance entre l'Alexandre du film et mon boucher chevalin préféré : vivement samedi prochain que je lui en parle !





lundi 20 septembre 2010

journées du patrimoine à joigny

Deux exemples d'événements artistiques intramuros dans le cadre des journées du patrimoine à Joigny :une des installations de Anne Procoudine-Gorsky (y en a aussi une dans mon bahut que je vais tâcher de shooter avant qu'elle ne disparaisse !) et un aperçu de celle de Sébastien Nadin devant le marché couvert...