mardi 1 novembre 2011

the offence


Je ne connaissais pas THE OFFENCE, le film réalisé en 1972 par Sidney Lumet sur un scénario de John Hopkins d'après sa pièce de théâtre. Pour ne pas être trop influencé j'ai attendu d'avoir vu le film pour regarder l'indispensable bonus de l'édition Wild Side (dans leur collection "Les Introuvables") dans lequel il est présenté et recontextualisé à la fois par Jean-Baptiste Thoret, un critique que j'adore et que j'aimais lire dans Charlie Hebdo, et par François Guérif, l'homme de la collection polar de Rivages, celui sans qui je ne connapitrais ni James Ellroy, ni George Chesbro, ni Tony Hillerman.


THE OFFENCE est un film absolument dérangeant et pour cela tout aussi indispensable pour tout cinéphile qui se respecte, mais aussi pour tous les amateurs de polars, ou de films de genre des années 70. Il est aussi important pour se souvenir que Sean Connery n'est pas qu'un numéro et qu'il avait tourné pour Hitchcock (MARNIE, 1964), pour Lumet (THE HILL, 1965) avant de faire ZARDOZ, ce que je n'ai jamais compris.


C'est un film dérangeant par sa mise en scène et son sujet, parce qu'il nous plonge dans le cauchemar d'un homme qui se ment à lui-même et refuse d'accepter de comprendre qu'il est devenu un monstre parce qu'il n'a pas réussi à dissocier l'horreur professionnelle de sa pathétique vie domestique. Finalement, la séquence où sa femme essaie de communiquer avec lui est presque plus dérangeante que celle au cours de laquelle il finit par tuer son suspect. Mais ce qui rend définitivement le film angoissant c'est de ne pas savoir avec certitude si Baxter avait réellement violé la petite fille. Car du coup, aucune échappatoire pour le spectateur qui a le choix entre une malsaine empathie avec Johnson (je le comprends car Baxter était une ordure) et le dégoût de se dire que Johnson a tué Baxter car il avait vu son vrai visage.

Les comédiens qui entourent Connery sont tous extraordinaires, y compris dans leur économie de jeu et leurs silences : Vivian Merchant est son épouse et on a mal pour elle quand elle se retrouve seule dans leur appartement, si seule. 


Trevor Howard, le superintendant, assiste à la révélation du monstre qu'est devenu Johnson et il semble aussi désarmé qu'un officier peut l'être quand il découvre qu'un de ses sous-officiers a commis une bavure impardonnable. Mais c'est Derek Newark (Jessard, à droite) qui m'a interpellé le plus car sa figure si familière (vu dans tant de séries des années 60), dans ce contexte là, m'a ému ; il est aussi perdu et on sent bien qu'il souffre de voir un collègue (un ami ?) ainsi dévisser sans pouvoir rien faire ni avoir rien fait. 

Et je n'oublie pas non plus la performance de Ian Bannen qui joue un Baxter déconcertant, illisible, probablement non coupable, mais qui meurt d'avoir percé à jour Johnson et d'avoir voulu prendre l'ascendant sur lui comme avec son ancien souffre-douleur du lycée.


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