WOLFEN est l'unique film de fiction réalisé en 1981 par le documentariste Michael Wadleigh d'après un scénario qu'il avait coécrit avec David Eyre. Ce fut, en son temps, un de mes chocs audio-visuels fondateurs d'une certaine partie de ma cinéphilie orientée vers la fantaisie, le fantastique et la science-fiction. La musique de James Horner, les effets spéciaux, les mouvements de caméra hallucinants (permis par la steadycam et la louma), sans oublier l'interprétation, tout a alors contribué à faire de ce film un classique du genre et l'un des films qui ne m'a jamais quitté. Cela faisait des années que je ne l'avais pas revu et quoique une grande partie me soit revenue au fur et à mesure avec cette familiarité proustienne attachée aux madeleines cinéphiliques, j'ai aussi redécouvert bien des aspects qui m'avaient échappé en leur temps.
Le premier d'entre eux est bien sûr la distribution ! On a donc un flic défraîchi joué par Albert Finney à qui l'on confie une enquête délicate alors qu'il semble se traîner autant de casseroles qu'un camelot de foire. Cela dit, en parallèle, une officine privée dotée de moyens high tech, enquête aussi, en une collusion mystérieuse politico-fiancière. Finney travaille avec un légiste joué par Gregory Hines et une psychologue interprétée par la jeune Diane Venora. Mais il y a mieux ! Chemin faisant, il se fait renseigner par un expert joué par James Tolkan, puis par un zoologiste joué par le génial Tom Noonan. Plus tard on découvre son suspect principal, un ancien activiste amérindien joué par un méconnaissable Edward James Olmos !
L'autre aspect qui m'avait échappé est la géographie du film qui se déroule dans deux parties séparées de New York par un pont sur lequel, justement, travaillent les Indiens qui n'ont pas le vertige. Côté pile, au début du film et à la fin, on a le quartier riche de Wall Street et Battery Park, symbolisant les Puissants et cette facette est sursoulignée tout au long du film par une floppée de plans dans lesquels on retrouve les tours jumelles du WTC. Côté face, on a le Bronx dévasté par l'abandon des politiques, une sorte de zone de guerre dans laquelle se sont réfugiés les loups. En particulier, l'église qui leur sert d'antre, est située dans Charlotte Street. C'est Sunnyslope, un édifice bâti vers 1860 qui deviendra un monument historique en 1983. En 1977, suite à une visite inopinée dans le quartier du président Carter celui-ci lança un vaste programme de rénovation urbaine qui a depuis porté ses fruits. Le film est donc un témoignage historique.
Dernier aspect, la question amérindienne qui, si elle n'est pas traitée de front et dans toute sa complexité (on a l'impression qu'il n'y a qu'une nation indienne !) a au moins le mérite de la mettre au devant de l'intrigue. La réplique de Wilson à ce sujet est intéressante :
"You know anything about NAM ?
– As in Viêt ?
– As in Native American Movement, broken elbow, wounded knee…"
C'est une référence indirecte à l'AIM et aux actions de 1973 qui étaient encore fraîches dans les esprits de l'époque mais qui me passèrent largement au dessus de la tête vu que j'avais alors quatorze ans et une acné ravageuse.
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