jeudi 15 mars 2012

open range







OPEN RANGE est le troisième film de Kevin Costner réalisé en 2003 sur un scénario de Craig Storper. Comme les deux précédents, c'est un western, qui rend ici hommage aux cow-boys qui traversaient le pays pour acheminer leur troupeau à une époque révolue où il n'y avait pas de barbelés et où la vaine pâture était la norme. Signe des temps, Costner a dû aller tourner au Canada pour trouver des espaces suffisamment vastes et vierges pour en faire son Montana de 1882. Son film est aussi un hommage à une certaine idée du western, âpre et juste, où la violence est toujours sous-jacente mais où les règles et le savoir-vivre existent aussi encore. 
Boss Spearman est le véritable héros du film. Il est joué par le génial Robert Duvall qui, à 71 ans à l'époque du tournage, prouve qu'il est l'un des meilleurs acteurs de sa génération. Il joue tout en économie et quand il se lâche (son monologue dans le saloon), il a des éclats shakeasperiens. Sa performance m'a rappelé celle de Broken Trail, ce téléfilm dans lequel il jouait un personnage similaire et dont je vous reparlerai un jour. 
L'autre héros, c'est bien sûr le taciturne Charlie Waite joué par Costner lui-même. Je n'arrive guère à être objectif en ce qui le concerne tant j'ai toujours été fan, mais là, force m'est de souligner qu'il y livre sa meilleure performance, toute en force et fragilité à la fois.
Et puis il y a Annette Benning. Elle est Sue Barlow, la soeur du docteur de la ville, celle qui va prendre soin de Mose (Abraham Benrubi) et de Button (Diego Luna), mais qui va surtout tomber amoureuse, enfin, de Charlie qui ressent les mêmes sentiments mais aura du mal à les avouer.  Elle est merveilleuse de beauté et de sensualité, jusqu'à ses petites rides et son air fatigué. Elle incarne une figure de femme indépendante, sûre d'elle et de ses sentiments, qui a trop longtemps réprimé son besoin d'aimer et s'ouvre absolument devant cet homme inattendu et inespéré. Elle est aussi la preuve, comme l'était Mary Steenburgen dans IN THE ELECTRIC MIST de Tavernier, que la beauté n'échappe pas aux femmes après trente ans. Rien que pour elle, ce film est irremplaçable.
Enfin, il y a les méchants. Je passe vite sur le marshal corrompu joué par James Russo car, disons le, son personnage est à peine esquissé et assez caricatural. Je lui préfère celui de Denton Baxter incarné par Michael Gambon, ce formidable comédien irlandais. Il est ce rancher qui abhorre les cow-boys adeptes de l'open range et prêt à tout pour défendre son bien avec une sauvagerie qu'il contient de moins en moins, surtout dans la dernière partie du film. On pourrait objecter que son personnage n'est pas non plus beaucoup creusé, mais il n'est pas l'un des plus importants, juste une nuisance que Boss et Charlie doivent éliminer.
A noter que si le film reçut de bonnes critiques, il n'eut qu'un succès modeste en salles à domicile, tout comme chez nous où il passa assez inaperçu. Costner devait s'en douter car, avec ses deux autres producteurs, il dût mettre son argent personnel dans le budget du film, preuve qu'on ne misait plus trop alors sur ce genre de projet. Les choses ont bien changé depuis.

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