mardi 28 septembre 2010

les voyages de sullivan

Il y a finalement quelque chose d'absolument chaplinesque dans le SULLIVAN'S TRAVELS de Preston Sturges même si la filiation initiale semble être à rechercher du côté de Capra. Ecrit et réalisé par Sturges (homme à femmes éclectique qui fut inventeur et écrivain avant de devenir scénariste puis metteur en scène), le film est à la fois une parabole humaniste généreuse, une comédie pétaradante et un hymne au cinéma en tant que vecteur de bonne humeur dans un monde qui part à vaut-l'eau.
On pourrait, cyniquement, reprocher à Sturges de valider, à sa manière (mais Capra ne faisait-il pas de même ?) le modèle américain de société dans lequel la pauvreté est considéré comme une fatalité biblique ou une maladie contagieuse, mais ça serait faire bien peu de cas de son succès. Il faut en effet voir ce film, comme il faut voir Capra et Chaplin pour comprendre que, oui, comme le dit Sullivan, le cinéma peut aider à faire comprendre le monde et à le changer, même si, pour commencer, il peut faire rire et, ce faisant, donner du plaisir aux gens.
La séquence de la projection dans cette église perdue dans les marais, avec ces bagnards rentrant lentement au son de 'Let My People Go' entonné par les paroissiens noirs avant que tous, unis dans la même communion, rient de bon coeur aux malheurs de Pluto est une merveille du genre.
Sinon, bien sûr, il y a le duo Joel McCrea-Veronica Lake qui ne participe pas qu'un peu au charme du film et à son efficacité. Joel McCrea, star du western qui en tourna jusqu'à sa mort, est ici aussi à l'aise qu'un Cary Grant. Mais la palme revient à la jeune (elle n'avait que 18 ans au moment du tournage) et petite Veronica Lake qui interprète cette mystérieuse apprentie comédienne (qui rêve de rencontrer Lubitsch !) qui va sauver Sullivan de lui-même. Elle est tout simplement merveilleuse.






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