mardi 1 décembre 2009

mutants

MUTANTS est un films d'infestés français réalisé par le jeune David Morley.
Coécrit avec Louis-Paul Desanges c'est une histoire très simple car s'inspirant d'un genre que 28 DAYS LATER et 28 WEEKS LATER (dont Morley se revendique, avec aussi Cronemberg et Carpenter) à savoir la survie d'un très petit nombre de personnes saines essayant d'échapper à des meutes de créatures mutantes (car infestées on ne sait pas quoi mais on s'en cogne) qui se comportent comme des prédateurs cannibales féroces. Sur une trame similaire au DAWN OF THE DAY de Romero, ces personnages sont à la retraite d'un asile hypothétique (la base Noé, mais on pense aussi à la ville à la fin de I AM LEGEND) même si l'on sait que les choses ne sont pas gagnées d'avance, loin s'en faut. Mais loin d'être un film convenu plagiant ses prédécesseurs, Morley a réussi à faire un premier film abouti, étonnant, dérangeant et excitant à la fois. Le film vaut aussi le coup d'être vu avec le commentaire de Morely et de son chef-opérateur, Nicolas Massart qui se livrent à une véritable leçon de cinéma très franche et directe qui permet encore plus d'apprécier leur travail. Sur le dvd on trouve aussi MORSURE, le court-métrage qu'il avait fait et qu'il qualifie lui-même de démo qui a fait plein de festivals et lui a servi de carte de visite.


Pour revenir sur le film, quelques réflexions que je n'ai pu m'empêcher de noter au fur et à mesure...
Le film s'ouvre délibérément sur un plan flou et le premier dialogue ne commence que cinq bonnes minutes plus tard, contribuant à donner à la séquence d'ouverture une sécheresse et un côté abrupt bienvenus car elle nous plonge d'emblée dans la dynamique des personnages (sans trop en rajouter sur le pourquoi-du-comment évacué en quelques lignes au générique).
On découvre donc tout de suite ce couple inattendu composé par Hélène de Fougerolles et l'immense Francis Renaud. Cuillà, je l'avais découvert au début des années 2000 sur M6 dans le Police District de Olivier Marchal, l'une des rares (si rares) bonnes séries policières françaises dans laquelle il était un jeune chien fou borderline mais immédiatement attachant. Depuis, en dépit d'un talent que j'estime indéniable il est obligé de se coltiner ce qu'on lui propose et c'est très loin d'être à la hauteur de son talent. Il donne là une interprétation bien plus que remarquable en dépit des contraintes du rôle.
Le commentaire nous apprend, et c'est assez curieux pour que je le souligne, comment le film a été tourné dans (presque) sa continuité ce qui rend le travail des comédiens encore plus étonnant. De même Morley a fait le choix de privilégier les effets directs, ce qui à l'heure du tout numérique en dit assez sur son amour du genre et sa cinéphagie assumée. Autre choix qui s'est imposé : le décor principal, un ancien sanatorium près de Chamonix. Il cherchait un hôtel mais a préféré changer le scénario pour s'adapter à ce lieu qui du coup n'est pas sans rappeler, la neige aidant, l'Overlook du SHINING de Kubrick (une certaine scène vers la fin aussi même si Morley évoque plutôt le JAWS de Spielberg, vous jugerez).
Il a aussi opté pour une bande-son très présente sans être ni trop envahissante ni trop emphatique. Le travail de Grégoire et Thomas Couzinier qui ont à la fois fait la musique et le design sonore est exemplaire de sobriété et d'efficacité. Le travail de montage est lui aussi formidable en cela que, en écho à celui des décorateurs et du chef-op, l'opposition entre l'ombre et la lumière, la neige et les ténèbres, le sous-sol et les étages d'un blanc aveuglant en raison des néons est très oppressante. Le choix (pas que financier mais bon) de tourner en super 16 mm contribue à donner à l'image un grain très saisissant beaucoup plus glamour (si j'ose dire) que l'image vidéo de Boyle dans 28 DAYS LATER.
Enfin, pour ne pas en dévoiler plus et parce que le sujet demanderait tant de développements (sur les cadrages, sur les fondus au noir, sur les mouvements de caméra, bref sur la mise en scène plutôt bluffante pour un premier film a fortiori de genre), je terminerai sur ma plus grande surprise : Dida Diafat. Ce type dont je savais qu'il avait incarné le rôle titre de CHOK-DEE (film de Xavier Durringer de 2005) est d'une présence phénoménale et il m'a fait penser à Wes Studi (par son côté "taiseux" et charismatique). J'ai hâte de le revoir à l'écran.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire