vendredi 12 novembre 2010

journal intime d'un pécheur

Le film s'ouvre par une séquence troublante. On suit un groupe d'hommes porteur de torches et de pelles dans un étrange cimetière qui semble s'étendre à perte de vue sur une lande. Puis ils s'arrêtent et déterrent un cadavre borgne. A peine l'ont-ils sorti de terre que toutes les autres tombes s'ouvrent et laissent s'échapper à leur tour leurs occupants qui, ensuite, se joignent aux vivants. Alors qu'on ne sait toujours pas pourquoi ni comment ce prodige a lieu, le cadavre borgne commence à répondre aux questions qu'on lui pose et à raconter son histoire.
Robert est le fils d'un couple mal assorti, une mère bigotte violée lors de sa nuit de noces par son père, et le frère du premier fils de cette union, Gustave. Mais alors que lui a été élevé par sa mère et un pasteur revêche, Gustave l'a été par son père, chassé par sa mère après sa naissance ; un doute réel plane aussi sur la paternité de Robert (est-ce le fils du pasteur ?). Deux frères donc, l'un élevé par un épicurien athée (Gustave), l'autre dans une maisonnée craignant Dieu et le Diable (Robert). Or voici que Robert, jeune adulte en proie aux doutes, rencontre un mystérieux étranger qui se dit envoyé du Ciel et lui intime de tuer son frère pécheur. Tout est déjà écrit, lui dit-il, et c'est ainsi que l'on est sûr que c'est le Diable, Dieu ayant donné le libre-arbitre aux hommes.
OSOBITY PAMIETNIK GRZESNIKA PRZEZ NIEGO SAMEGO SPISANY a été réalisé par Wojciech Has, un cinéaste polonais d'après un scénario de Michal Komar adaptant Private Memories and Confessions of a Justified Sinner (1824), un roman d'épouvante écrit en 1824 par James Hogg, un poète écossais remis au goût du jour par André Gide (qui signe une préface à l'édition par La Table Ronde - n°9, septembre 1948 - sous le titre "Confession du pécheur justifié"). Hogg a écrit un récit sur la rigueur du calvinisme, cette branche du protestantisme qui ne jure que par le péché originel qui entache tous les hommes dès leur naissance, ne leur laissant comme alternative que d'essayer d'obtenir le pardon divin par leurs actions terrestres. Mais ici le Diable a plus d'un tour dans son sac, et bien des visages.
Le film est absolument étrange et déconcertant, tant au point de vue du fond (on a du mal à rentrer dans l'histoire et à comprendre ses enjeux, sans parler de savoir qui est qui !) que de la forme (esthétique stupéfiante, jeu avec la musique, ellipses dans le cadre…).
A découvrir dans l'édition dvd de Malavida.






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