mardi 19 janvier 2010

les vies de Némo

Pendant sept ans, jour après jour, Jaco Van Dormael a peaufiné le scénario de MR NOBODY, ne s'arrêtant que satisfait du résultat. Il était parti d'un de ses court-métrages, E PERICOLO SPORGERSI, dans lequel un enfant courait après le train emmenant sa mère, son père restant sur le quai, sommé de choisir. Dès lors son histoire d'enfant imaginant ses vies possibles à partir de ce choix pouvait commencer en prenant le biais de la science-fiction pour faire passer la pilule.
Mais son film n'est pas complètement réussi ; à moins qu'il ne soit pas terminé, j'hésite encore. Il m'a laissé à la fois une impression d'émerveillement cinéphilique, me hérissant les poils des bras (comme il le filme en gros plan à un moment) et me faisant, par avance, adorer l'idée de le revoir encore et encore en dvd ; du moins certaines séquences parce qu'il m'a aussi copieusement agacé par sa volonté assumée jusqu'au bout d'embrouiller inutilement sa trame narrative au risque de laisser le spectateur décrocher et s'emmerder (comme dans un film français, comme ke fait remarquer un de ses personnages !). C'est comme si, à partir d'un sandwich réussi, il s'était mis en tête de confectionner le sandwich ultime en y intégrant tous les ingrédients, épices, aromates et saveurs qu'il aimait sans se soucier sinon du résultat (puisqu'il aime tout) mais du goût que cela aura. Artistiquement, je veux bien admettre une intégrité et une envie de se faire plaisir en racontant l'histoire des histoires, en recyclant (un peu comme Jeunet ?) ses thèmes de prédilection (la voix-off de TOTO LE HEROS, son héros du HUITIEME JOUR en caméo...) mais au bout du compte c'est le spectateur qui se perd en conjonctures.
Alors oui, j'ai apprécié les performances de Jared Leto, de Sarah Polley (qui joue Elise) et de Rhys Ifans (Gavin dans THE BOAT THAT ROCKED !), les séquences en apesanteur et sur Mars, et bien sûr d'autres choses encore mais je ne peux m'empêcher de ne pas être totalement convaincu. Il m'arrive là ce qui s'est passé avec le THE BOX de Richard Kelly : un scénario épatant, un réalisateur dont je suis fan (depuis DONNIE DARKO et SOUTHLAND TALES) et , une image impeccable (et la NASA) mais au final un ensemble mal fichu. C'est d'autant plus rageant que je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à un film complètement différent et dans lequel un personnage changeait complètement de vie : c'était dans LOST HIGHWAY de David Lynch, un putain de film...


ps : ce n'est pas la version du film, mais je la préfère par mon duo favori...

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