mardi 2 mars 2010

dirty harry

"You wanted to know why they called me 'dirty' Harry ?
Every dirty job that comes along is for me..."







A la toute fin de DIRTY HARRY (L'inspecteur Harry, Don Siegel, 1971) on voit Callahan retirer son étoile d'inspecteur et la jeter dans une mare. Le geste est symbolique pour deux raisons au moins : il rappelle que le badge est une réminiscence de l'étoile des shériffs et il annonce la fin de l'histoire policière de Callahan puisqu'il le balance à l'eau. Il y aura pourtant encore trois autres films mettant en scène l'un des personnages de flics les plus stéréotypés du cinéma qui soit.
Revoir ce film-phare dans la carrière de Clint Eastwood est toujours aussi rafraîchissant car hormis quelques séquences cultes et je dirais presque, convenues ("...well do you, punk ? !") c'est toujours aussi surprenant la quantité de détails, de trouvailles et d'audaces que l'on redécouvre.











DIRTY HARRY est un film des années 70 en ce sens qu'il témoigne d'une certaine rupture dans la société américaine qui vit alors les affres de la débâcle vietnamienne. Cette société change, et cela se voit à des détails apparemment anodins mais qui, si l'on dépasse la seule intrigue policière et le machisme du personnage, sont révélateurs de cette transformation. Ainsi le chef de la police est toujours un blanc wasp mais le lieutenant de Callahan et le partenaire qu'on lui refile sont des latinos, le médecin qui soigne Callahan (et qui le connaît puisqu'il l'appelle par son prénom) est un noir ; comme nous sommes à San Francisco, le facteur gay est discrètement rappelé, par un passant dans le viseur de Scorpio (une folle noire en violet qui suce une glace !) mais aussi par l'entrée de tunnels routiers décorés d'arc-en-ciel, la couleur que se choisiront plus tard la communauté gay. Enfin, on aperçoit au moins trois femmes intégralement nues ce qui, j'en suis sûr, ne serait pas le cas aujourd'hui.












La mise en scène efficace de Don Siegel doit aussi beaucoup à son équipe, à commencer par ses scénaristes, Harry Julian Fink et Rita M. Fink qui après avoir commencé à la téloche à la fin des années 50 s'essayèrent au western pour John Wayne (et bien la voilà notre figure machiste originelle !) avec BIG JAKE (ils le retrouveront en 1973 pour CAHILL U.S. MARSHALL) avant d'embrayer avec DIRTY HARRY et les autres films de la franchise. Mais il faut aussi dire un mot du directeur de la photo Bruce Surtees qui avait fait auparavant celle de PLAY MISTY FOR ME de Clint Eastwood (film dont on aperçoit le titre dans un plan au début du film !) et qui travailla (tout comme le monteur Carl Pingitore) avec Eastwood jusqu'à PALE RIDER. Sa photo est épatante de luminosité californienne dans la journée et très sombre pour les scènes nocturnes qui du coup ne sont pas du tout glamour.












Et puis il y a surtout la musique de Lalo Schifrin, mon héros musical par excellence. Schifrin avait commencé en 1957 avec une comédie musicale argentine, VENGA A BAILAR EL ROCK, puis se fit remarquer en 1964 avec LES FELINS de René Clément. Il il alterna ensuite entre téloche et cinoche, jusqu'à l'année 1967 où il composa les BO de COOL HAND LUKE de Stuart Rosenberg et de THE FOX de Mark Rydell. Puis ce fut 1968 et la claque définitive de BULLITT. Mais c'est l'année 1971 qui marque encore car il travaille à la fois sur le THX 1138, de Lucas, le THE BEGUILED d'Eastwood et donc DIRTY HARRY. Dans les années qui suivent il y aura encore, entre autres, les séries Mannix (1968-1973) et Mission impossible (1966-1973), sans oublier ENTER THE DRAGON en 1973. C'est cette année-là qu'il retrouva Eastwood dans MAGNUM FORCE puis en 1983 pour SUDDEN IMPACT et 1988 pour DEAD POOL.












Enfin, deux dernières choses me reviennent : primo, dans la scène où l'on suit Callahan dans le métro, on aperçoit le prénom Kyle taggé sur un mur. C'est le prénom de son fils qui avait alors trois ans et qui ne tournera avec son père qu'en 1976 dans THE OUTLAW JOSEY WALES, mais surtout dans HONKYTONK MAN en 1982 ; il a aussi composé (c'est un musicien de jazz) les BO de LETTERS FROM IWO JIMA, GRAN TORINO (voir Callahan rouler dans des Ford neuves du genre celles qu'on voit dans GRAN TORINO est assez ironique) et INVICTUS (à noter que sa soeur, Alison a joué dans 4 films d'Eastwood).












Deuzio, dès les premières scènes où l'on découvre Callahan on comprend immédiatement pourquoi l'horripilante manie de Caruso dans CSI: Miami agace si profondément : il l'a piquée à Callahan qui lui, au moins, à la décence de les enlever, avant de rentrer dans un bâtiment !

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