lundi 15 août 2011

bob le flambeur


Quatrième réalisation de Jean-Pierre Melville sur un scénario coécrit avec Auguste Le Breton (et quelques coups de mains de Jean Cocteau), BOB LE FLAMBEUR est en quelque sorte un film noir tel qu'aurait pu le faire Sacha Guitry. Car loin d'être la première pierre de la Nouvelle Vague, ce film est en quelque sorte un hommage très vieille école à une certaine idée du cinéma : il commence par une voix-off qui va servir de narrateur, comme chez Guitry, mais aussi Cocteau et tous les films noirs ; il a été entièrement tourné en studio par un Melville voulant tout contrôler à sa façon ; il donne le meilleur à ses personnages dont les caractères sont la trame de son récit ; il donne à voir un monde en voie de disparition, sachant être élégant (Bob porte du Ted Lapidus), généreux (Bob claque mais donne des pourboires), et galant (Bob ne supporte pas les macs.

Roger Duchesne, que je ne connaissais pas, a une tronche indéfinissable, qui rappelle aussi bien celle de Gabin jeune que celles d'acteur hollywoodiens. Il est un personnage de tragédie antique, incapable de résister aux dieux qui s'amusent à le voir jouer et jouer encore alors que, comme il le reconnaît, il a passé l'âge de faire des conneries. Il a une élégance, une façon de se mouvoir, et une puissance tranquille qui imposent le respect même s'il n'est pas du bon côté de la loi.


Le Paris que filme Melville en studio est celui du bas de Montmartre, Pigalle et ses bars à entraîneuses, ses salles de jeu clandestin, où tout le monde se connaît et où tout le monde connaît Bob.

J'aime beaucoup ce mot (le fait d'écrire est typique de chez Guitry). Et j'ai envie de croire qu'il a écrit "tarto" pour signifier qu'il était rentré très tard c'est-à-dire très tôt. Petit détail : avant de se coucher il déconnecte la prise de téléphone et quand il est réveillé par la sonnerie de l'entrée, il essaie de répondre au téléphone car il est encore ensommeillé.


Ce plan, illustre à la fois le personnage (il plie sa veste et la met sur un cintre avant d'aller se coucher, pour qu'elle ne soit pas froissée le lendemain), le souci du détail dans le décor et dans la lumière qui nous font croire au lieu alors qu'on est dans un studio.


A titre personnel, je vois bien sûr les fautes dans le mot de la concierge, mais je reconnais aussi la calligraphie scrupuleuse. Céleste n'a pas dû terminer le collège, à moins qu'elle n'ait été à l'école que jusqu'en primaire. Une autre époque...


Le film pourrait en fait se résumer à cet étrange attelage entre le jeune chien fou, Paulo (Daniel Cauchy), son mentor Bob, et la jeune Anne que rien ne trouble (Isabelle Corey). Je ne suis toujours pas persuadé que Bob ait un quelconque désir pour Anne, je le crois juste suffisamment droit pour ne pas accepter qu'une jeune fille comme elle soit à la merci des macs.


Mais en revanche, il a une grande tendresse pour elle, au point qu'il l'amène en virée dans sa Plymouth Belvedere de 1955 jusqu'à la maison dans laquelle il a grandi et dont il est parti à 14 ans. Cette virée permet un peu plus d'éclairer le personnage de Bob tout en montrant un aspect moins glamour de Paris.

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