Le souci apporté aux décors est extraordinaire tout en restant discret. Ainsi, ici, alors que le fond n'est guère plus détaillé qu'une aquarelle, le pont, le train, mais aussi le poisson au premier plan, le sont beaucoup plus. C'est comme si on avait en parallèle, deux temporalités qui coexistaient : celle des hommes pressés et celle du poisson. Admirez le travail sur le reflet dans l'eau et sur les éclaboussures du poisson...
Un gag typiquement tatiesque : le héros se retrouve bloqué en voulant enfiler sa chemise sans la défaire. L'aide d'Alice se retrouve alors indispensable même si il s'en serait finalement sorti, habitué qu'il semble être à se débrouiller seul depuis longtemps. Ce sont deux dynamiques contraires qui se rencontrent : lui qui ne s'occupait que de lui, trouve une raison d'être à ce qu'il fait : elle qui ne travaillait que pour les autres, cesse de le faire et se fait entretenir.
A la fois évocation de l'importance de la publicité commerciale (comme le cachet dans le grand magasin) mais aussi du chômage qui touche les artistes de music hall, cette scène est aussi très belle et empreinte, comme beaucoup d'autres dans le film, d'une grande poésie.
Evocation du contexte international (guerre froide) et de la diffusion des films de Tati à l'étranger puisque le cinéma d'Edimburgh diffuse MY UNCLE....
Ce qui donne lieu, après qu'il soit rentré dans le cinéma d'une manière évidemment rocambolesque (car pour se cacher d'Alice et de son ami), à ce face-à-face entre le Hulot du film projeté sur un écran et le héros tatiesque de Chomet, se dandinant pareillement, mais dans la salle. Mise en abîme hilarante qui rappelle que ce que Tati faisait à l'écran venait du spectacle thaâtral.
Un des nombreux plans magnifiques d'Edimburgh : le film est une des plus belles déclarations d'amour à la ville, mais aussi à l'Ecosse.
C'est le plan qui m'a le plus donné l'impression de retrouver l'esprit des Disney d'antan, allez savoir pourquoi...
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