Film étonnant qui marque le début de la prolifique collaboration entre Michael Winner et Charles Bronson, CHATO'S LAND (bêtement retiré Les collines de la terreur en vf) est un western âpre et sans concession qui se conclut par un fondu au noir, sans générique, à l'image du sentiment qui domine : la brutalité.
Pardon Chato est un métis ("breed" en vo) d'Apache et de Blanc qui, un peu par accident (il voulait boire un coup dans un saloon) tue un shérif. Une bande de Blancs menée par un ancien capitaine sudiste (Jack Palance, formidable) commence à s'agréger dans le but de retrouver et de pendre Chato. Mais cette virée va vite se transformer en débâcle à mesure que les Blancs se retrouvent piégés en terre apache, traqués sans merci par Chato dont ils ont violé la femme. Bien plus qu'un western, le film est aussi une réflexion plutôt franche et brutale sur la sauvagerie, les plus bas instincts (le meurtre, le viol) et comment on les justifie, le racisme (anti-indiens et métis), la notion de propriété (l'un des Blancs dit que la terre serait bien mieux sans les Indiens alors que ce sont les Blancs qui les en ont chassés), mais aussi la lâcheté et les rapports de domination dans un groupe. Film psychologique donc, duquel la société blanche ne ressort pas grandie, et qui faité écho aux débats qui traversaient la société étatsunienne de l'époque, quelques années à peine après la lutte pour les droits civiques. Le film a été écrit par Gerard Wilson qui avait écrit le précédent Winner et en écrira d'autres ensuite (comme le SCORPIO avec Delon).
Chato, c'est bien évidement Bronson, impressionnant de par son physique mais aussi sa manière de se déplacer, féline et aérienne. Il incarne la vengeance avec une évidence qui fait froid dans le dos.
Outre Palance, je retiendrai les trois comédiens qui incarnent les frères Hooker, qui cristallisent à eux trois toutes les tares des Blancs : Simon Oakland est Jubal : il est surtout connu de ma génération pour son rôle titre dans Les têtes brûlées (Baa Baa Black Sheep ) mais les cinéphiles se souviennent qu'il a aussi eu une carrière au cinéma (notamment en jouant dans BULLITT, TONY ROME, et THE SAND PEBBLES). Richard Jordan est Earl : il restera pour les fans l'interprète de Duncan Idaho dans le DUNE de Lynch. Ralph Waite est Elias : c'est l'acteur vu récemment jouer le père de Gibbs dans NCIS.
On retrouve aussi, dans le rôle de Martin Hall, Victor French qui incarna longtemps ce personnage barbu à la grosse voix dans La petite maison dans la prairie (et qui fit ensuite équipe avec Landon dans Les routes du paradis aka Highway to Heaven) .
La musique, enfin, est signée du grand Jerry Fielding.
Deux choses encore. La magie du cinéma est toute entière contenue dans une information simple : le film a été tourné en Espagne, près d'Almeria, mais on est pourtant persuadé d'être en pays apache. Dans une scène Chato tue un serpent à sonnette pour en faire un jouet pour son fils et c'est là toute l'ingéniosité de Wilson qui apparaît puisqu'il nous apprend que Chato est un père et qu'il est suffisamment sûr de lui pour s'attaquer à un tel animal sans y être obligé.
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