jeudi 30 décembre 2010

two lovers

James Gray est un jeune réalisateur new-yorkais qui n'a fait que quatre films, mais qui sont tous autant des films majeurs. Il pourrait prendre sa retraite qu'il ne démériterait pas ; mais ça serait un joli gâchis quand on pense à tous les films qu'il peut encore faire ! Je me souviens encore du choc de LITTLE ODESSA qui m'avait donné le vertige et donné envie d'écouter de la musique folklorique russe. Ensuite, il y avait eu la claque de THE YARDS, exercice de style en forme de tragédie grecque classique révélant un acteur surdoué, Joaquin Phoenix. Puis ce fut WE OWN THE NIGHT, épopée policière et familiale, inégale dans sa narration mais retournant son spectateur dans l'ultime séquence de poursuite qui venait rattraper les réserves antérieures.
Je n'avais pas vu TWO LOVERS pour au moins deux raisons aussi peu valides l'une que l'autre : d'abord c'était le dernier film affiché de Phoenix qui venait d'annoncer la fin de sa carrière au cinéma ; ensuite, le sujet, quoique situé à New-York (et en particulier à Brighton Beach), mais sans rapport avec les thèmes précédents : une histoire d'amour(s) impossible(s). Je n'étais pas emballé, et cela me tracassait. J'ai longtemps ensuite hésité à acheter le dvd puis aussi longtemps encore avant de me décider à le regarder. Alors autant le dire tout de suite : j'avais tort et c'est un très grand film et pour ceux d'entre vous qui ne l'ont pas encore vu je déconseille de le faire au moment des fêtes de fin d'année.
C'est un film sur des gens qui sont en décalage, qui s'ouvre par un homme qui fait une tentative avortée de suicide, se révèle ensuite être bipolaire (malady de Tay-Sachs) et qui tombe amoureux d'une femme atteinte de TDA/H ou Trouble du déficit de l'attention.
C'est à nouveau un film sur la famille, sur l'importance des parents. Dans LITTLE ODESSA, ils étaient interprétés par Vanessa Redgrave et Maximilian Schell ; dans THE YARDS, par Faye Dunaway et James Caan ; dans WE OWN THE NIGHT, par Robert Duvall seul. Et ici par Isabella Rossellini et Moni Moshonov (acteur israélien vu dans WE OWN THE NIGHT).
C'est à nouveau un film avec Joaquin Phoenix, désarmant de sentiments exacerbés, et deux femmes splendides, Gwyneth Paltrow, en beauté folle inaccessible, et Vinessa Shaw en idéal féminin juif. Le choix qui écartèle le personnage est aussi bien culturel, que pathologique.
C'est à nouveau un film sur New-York, et on ressent le plaisir de Gray à filmer sa ville, ses rues, ses rames de métro. Une ville (et ses habitants) qui, pour paraphraser Sinatra, ne dort jamais. Revoir la promenade en bois de Brighton Beach renvoie à LITTLE ODESSA, à la fois douloureusement et d'une manière plus distanciée, car on devine que Gray a fait le deuil de cette époque.
C'est à nouveau un film qui déconcerte, et ce dès le début, et impose au spectateur son drôle de rythme, très littéraire en fait.

ps : trois images du film et une de James Gray dans le bonus très chouette qui lui est consacré dans le dvd.




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