jeudi 17 février 2011

à la fin de l'envoi, fulguro-poing !

"Il n'est d'autres images que celles qui sont dues au hasard, fils."
Antonio Skarmeta, Une ardente patience, 1987

Il existe une catégorie de collègues que j'exècre par dessus tout, ce sont ceux qui passent leur temps à relever les erreurs, coquilles et autres brèves de copie dont ils se délectent ensuite autour d'un café ou d'une clope. En effet, je les ai toujours trouvés pathétiques et consternants de ne pas se rendre compte que l'étalage sarcastique de l'inculture (ou du sens aigu de la formule métaphorique, une question de point de vue) de leurs élèves mettait en fait en lumière leur incapacité à les aider à surmonter leurs lacunes.
Mais je veux bien néanmoins reconnaître qu'il m'est aussi arriver de relever certaines de ces bourdes au point que je leur ai donnés un nom : les CHF, alias les Confusions Homophoniques Fulgurantes. Je les rencontre dans toutes mes classes, toujours au débotté et, le plus souvent, j'oublie même de les noter. Elles illuminent un cours le temps que je les savoure avec ou sans la classe prise à témoin et s'éteignent ensuite telles des éphémères.
Je viens cependant de me rendre compte que l'un de mes CAP disposait d'un potentiel inépuisable de CHF qu'il alimente par un désir inextinguible de participation orale. Dernièrement il avait, en cours d'histoire, parlé d'anarchie absolue (au lieu de monarchie), ce qui avait, un instant, donné un côté réactionnaire aux sans-culottes de 1789.
Mardi après-midi, alors que l'on se débattait avec le lexique hugolien dans un extrait de L'homme qui rit, on s'est arrêté un instant sur la "protubérance camuse" de Gwynplaine, le héros du roman. Oui, je sais, je pousse le bouchon, mais si je ne le fais pas, qui leur lira du Hugo ? Or donc on parlait de tarin, de blaze, de blaire, et j'en arrivais à évoquer des nez célèbres, comme ceux de Pinocchio et de... "M'sieur, j'sais : Goldorak !" Je l'ai regardé un court instant, interdit, avant d'éclater de rire, vite contenu pour évoquer Cyrano de Bergerac et les siècles séparant les deux personnages. Ça ne s'invente pas une CHF...

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