lundi 18 juillet 2011

l'héritier


LHÉRITIER est un des rares films français que je peux voir et revoir sans m'en lasser en raison de sa (quasi)perfection et de son efficacité. Je ne saurais dire si la raison tient dans le travail d'adaptation de Claude Lanzmann ou dans l'inspiration de Philippe Labro, mais le fait est que l'alchimie a pris et que, aidé par des comédiens hors pair et une équipe technique à son maximum, Labro a réalisé son meilleur film qui est aussi, selon moi, le meilleur de Jean-Paul Belmondo.

La scène d'ouverture est un modèle du genre car elle présente à la fois l'équipe (générique), nous plonge dans l'action (on suit un gendarme qui récupère des objets après on ne sait encore quoi) et le tout dans la musique déjà obsédante de Michel Colombier qui donne le tempo, la modernité et ancre le film dans son temps et dans son espace avec une précision inégalée.


Dans l'avion qui le ramène de New-York pour l'enterrement de son père, Barthélémy Cordell, dit Bart (les Simpsons n'existaient pas encore et cela ne faisait rire personne, ça faisait juste "américain") voyage avec son ami (derrière lui) et il se fait accoster par une brune splendide (Maureen Kerwin). On comprend tout de suite qu'ils vont partir ensemble et probablement faire l'amour (ce qui pourrait être risqué car cela ressemble à une scène tirée d'un SAS !) mais qui prend son sens dès qu'on comprend que c'est le début d'une machination contre Cordell. J'aime, dans ce plan, le fait que les deux amis ne voyagent pas l'un à côté de l'autre, pour chacun garder son espace.

Comble du narcissisme et de la mégalomanie, Cordell, qui n'a jamais de liquide, paye avec un chèque tirée sur sa banque et dont son visage orne les chèques ; et il paye une call-girl avec un chèque. Ce rapport à l'argent et au sexe montré brutalement par Labro pour illustrer les différences entre les sociétés françaises et américaines est intéressant car il nous apprend qu'au début des années 70, c'était la France qui était prude et hypocrite alors que les Etats-Unis se libéraient. Mais bon, c'était aussi avant la crise, avant les années Reagan...


Signe des temps, les documents incriminant son beau-père sont sur un microfilm caché dans la roseraie. On imagine qu'aujourd'hui cela tiendrait dans une clé USB. Je me suis encore fait ballader avant de trouver, en même temps que Bart, la planque. Ce n'était pourtant pas faute du scénario de faire allusions aux roses tout au long du film, comme le Rosebud des Cordell...


Ah, les lits superposés des deux gars ! Un des aspects de la relation quasi-féodale qui existe entre ces deux hommes (on sait que David donnerait sa vie pour Bart, comme un samouraï) est cette mystérieuse pierre qu'ils se disputent pour la mettre sous leur traversin afin de mieux dormir. Le scénario ne perd pas de temps à expliquer le pourquoi du comment et j'aime ça. Idem sur la manière qu'a Bart de se plonger rapidement dans le sommeil...


Le mégalo du film, en fait, c'est lui, Labro en personne qui s'offre une apparition pas du tout discrète (premier plan et on l'entend très très distinctement) et absolument inutile (et il répète deux fois la même chose). C'est la seule scène que je couperai bien au montage à vrai dire...


Signe des temps, la fille de Liza lit, en anglais, Jonathan Livingston Seagull de Richard Bach, sorti en 1970...

NB : comme il y a l'ouverture, il y a aussi, phénoménal, le final du film...

2 commentaires:

  1. Tout à fait d'accord avec cette analyse pertinante. Tous les éléments du film (dialogues, jeu des acteurs-mention spéciale pour Belmondo-, mise en scène intelligente,...) en font ce que l'on peut appeler un classique. À voir!

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  2. PERTINENTE, désolé pour cette faute d'orthographe!

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