Hier, en lisant l'Yonne républicaine, je suis tombé sur une information qui m'a instantanément rajeuni de vingt-sept ans. C'est en effet en 1984 qu'est mort, un 21 octobre, le cinéaste François Truffaut. J'avais alors dix-sept ans et c'était l'année du bac. Je me revois encore, rentrant du lycée en mobylette et être interpellé par mon père, alors que j'arrivais, me lançant la nouvelle sans autre forme de procès. Ce fut un choc, mon premier vrai choc. Près d'un an plus tard, un 10 octobre, ce fut Orson Welles mais c'est une autre histoire. Avec la mort de Truffaut, j'expérimentais surtout, jeune cinéphile néophyte que j'étais, la disparition d'un cinéaste dont j'avais découvert et appris à apprécier les films de son vivant. Je compris alors d'un coup, qu'il ne ferait plus d'autre film, et en conçut un grand vide qui ne s'est jamais comblé depuis.
Hier matin, alors que je faisais cours à un groupe de futurs mécaniciens et carrossiers, les entretenant des motivations politico-religieuse des conquistadores du XVème siècle, une collègue est venue dans ma salle et m'a discrètement annoncé que ma voiture, garée devant le lycée, avait un pneu de crevé. Frak ! mais bon, ouf aussi car quel meilleur endroit pour cela que devant un lycée spécialisé dans l'automobile avec des collègues prévenants et rompus à ces besognes ? Là où l'anecdote devient savoureuse et va me rester c'est que les élèves qui ont changé ma roue (et mis celle de secours en attendant que, d'ici une semaine, je revienne pour changer tous les pneus que j'aurais entre temps commandé et qui auront été livrés au lycée) sont aussi ceux qui étaient en cours avec moi lorsque j'ai appris la nouvelle. Quand je suis repassé par l'atelier pour récupérer ma voiture j'ai pu parler avec eux, les voir en tenue et à l'oeuvre, dans ce contexte si particulier qu'ils affectionnent et dans lequel ils se sentent à l'aise. Cette intrusion et cette relation nouvelle vont, j'en suis sûr, me servir, à l'avenir. Je pense, en effet, qu'ils me verront désormais d'un autre oeil.
Enfin, depuis hier soir, au retour de plus de deux heures de rencontres avec des parents d'élèves, je suis en vacances. Et c'est pas dommage.
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