Improprement titré "Par la porte d'or"* dans sa version française, HOLD BACK THE DAWN est une véritable pépite réalisée en 1941 par Mitchell Leisen d'après un scénario coécrit par Charles Brackett et Billy Wilder. Si je ne présente plus ce dernier je rappelle que Brackett est entre autres films le scénariste de NINOTCHKA, de SUNSET Blvd. et de NIAGARA !
L'idée de départ, celle de Ketti Firing (qui en fit ensuite un roman) est une véritable mise en abîme hollywoodienne : un homme réussit à s'infiltrer sur un plateau de tournage de la Paramount car il souhaite vendre son histoire au réalisateur.
Le réalisateur c'est Mitchell Leisen (à droite) lui-même qui joue ici un rôle et qu'on voit dirirger...
... le tournage de I WANTED THINGS (L'escadrille des jeunes), film qui sortit l'année suivante, mettant entre autre en scène Veronica Lake. On a donc un réalisateur qui se filme en train de filmer un film qu'il va ensuite tourner !
Mais l'intrigue est ailleurs, au Mexique, à Tijuana où les étrangers désireux d'immigrer (mais en attente que leur quota national leur permette de passer la frontière) tuent le temps dans une espèce d'enclave internationale au nom poétique, l'hôtel Esperanza...Le coeur de cette communauté est l'inspecteur de l'Immigration Hammock joué par Walter Abel, un comédien de théâtre chevronné qui fit ses premières armes au temps du muet.
Charles Boyer est George Iscovescu, un gigolo roumain qui a du fuir la France et qui retrouve par hasard son ancienne partenaire la belle Anita jouée par Paulette Godard. C'est lui qui raconte son histoire à Leisen et, d'emblée, il nous est antipathique car c'est un homme calculateur et séducteur.
Apprenant qu'un mariage avec une Américaine accélèrerait son entrée aux Etats-Unis, Iscovescu jette son dévolu sur une candide institutrice californienne jouée par Olivia de Havilland.
Un exemple du talent des scénaristes qui mêlent récit réaliste, romance, mélo mais aussi comédie loufoque avec un même bonheur, manière aussi de dire que tous se retrouvent dans l'existence.
Un détail qui montre l'efficacité et le métier des scénaristes : Iscovescu improvise un moyen de retarder le départ de l'institutrice en faisant disparaître une pièce du moteur de son camion en réparation à l'aide de sa canne. L'air de rien...
* Le titre fait en effet référence au poème d'Emma Lazarus qui est gravé sur la Statue de la Liberté et que cite Van den Lueken : "Give me your tired, your poor,/Your huddled masses yearning to breathe free,/The wretched refuse of your teeming shore./Send these, the homeless, tempest-tost, to me,/I lift my lamp beside the golden door !"
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