I MARRIED A WITCH est le deuxième des quatre films que René Clair réalisa aux Etats-Unis entre 1940 et 1946 (après THE FLAMES OF NEW ORLEANS, IT HAPPENED TOMORROW et THEN THERE WERE NONE). Le documentaire "René Clair sous les toits d'Hollywood" réalisé par Philippe Saada éclaire très justement sa carrière.
Coécrit par Robert Pirosh (l'un des auteurs de A NIGHT AT THE OPERA des frères Marx, pour le côté loufoque du film) et Marc Connelly, le film raconte l'histoire d'amour imprévue entre une jeune sorcière de 290 ans et le descendant de l'homme qu'elle avait maudit avant de mourir par sa faute, condamnant sa descendance à être malheureux en mariage. Le film bien sûr, inspirera vingt ans plus tard la série télévisée Bewitched (Ma sorcière bien aimée).
L'homme, c'est un politicien joué par Fredric March sur le point d'épouser une femme qui le domine interprétée glacialement par la belle Susan Hayward. Toutes les scènes où on la voit sourire sur commande comme un robot sont des petites merveilles du genre !
Le talent pour filmer le merveilleux de René Clair là où la réalité semble triviale est bien illustré dans ce plan. En effet, depuis la scène précédente, les esprits de Jennifer et de son père, la sorcière et le sorcier libérés de leur prison par un orage, se sont réfugiés dans ces deux bouteilles : la fille dans la petite et le père dans la grosse. Et dès lors, seulement par le truchement de leurs voix, sans aucun autre effet, on croit qu'ils sont là, alors qu'on regarde deux bouteilles sur un plateau, c'est tout simplement magique.
J'adore aussi ce plan, qui servit pour concevoir l'affiche en raison des jambes dénudées (donc scandaleuses) de Veronica Lake. Le personnage joué par March (dont l'ombre semble menaçante, mais c'est une fausse piste) ne sait pas encore que Jennifer est dans le fauteuil et il cherche le chat qui, logique, est allé se réfugier dans les bras de la sorcière. Et elle rit de la surprise à venir.
Joel McCrea, son partenaire de SULLIVAN'S TRAVELS ne voulant plus travailler avec elle refusa le rôle de March qui n'apprécia pas plus sa partenaire qui, de plus, n'arrêtait pas de lui faire des blagues.
Deux exemples du comique du film : la chanteuse reprenant la même chanson ironique ("I love you truly...") durant la cérémonie de mariage calamiteuse ; et le père de la fiancée vantant les mérites de son ex-futur gendre parce qu'il a été envoûté comme les autres. La critique, en passant, des institutions du mariage et de la politique (dans laquelle les puissants, en particulier de la presse, achètent les élections) est tout de même, l'air de rien, bien présente.
L'une des rares concessions au spectaculaire : le taxi qui s'envole sous le regard médusé du policier.
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