dimanche 28 juin 2009

stupeurs et tremblements

Je vois très peu de films français. J'en possède aussi peu. Ce n'est pas que je n'en ai jamais aimés mais j'ai plus souvent été déçus par notre cinématographie, et tellement plus emballé par quasiment celle du reste du monde que le constat demeure. Je veux bien croire que, du coup, presque forcément aussi, je rate plein de films. Mais il en va des films comme des personnes, l'on en croise beaucoup et n'en rencontre que très peu, réellement du moins. Néanmoins, il est en la matière autant d'exceptions que de coutume. C'est ainsi que j'ai beaucoup aimé découvrir L'ADVERSAIRE de Nicole Garcia découvert en préparant la lecture en classe du livre de Carrière. Il se trouve qu'en son temps, plus jeune, j'avais interviewé la même Garcia pour son premier film. Je participais alors à une émission sur une radio associative. Je referme la parenthèse.
En ce qui concerne STUPEUR ET TREMBLEMENTS d'Alain Corneau, ça été tout différente. D'une part, je me souviens très bien de n'avoir pas eu envie de voir le livre de Nothomb, lu et apprécié, transposé au cinéma. D'autre part, l'occasion ne s'était pas offerte de le voir. C'est donc un peu incidemment, parce qu'un ami collègue, Nicolas, le regardait avec une de ses classes avec laquelle il avait lu le livre, que l'envie s'est installé. Il m'a aimablement prêté son dvd et celui-ci, depuis des semaines, attendait sur mon bureau que le moment se présente. Et c'est hier après-midi que j'ai enfin découvert cet excellent film en forme de déclaration d'amour au Japon, aux acteurs et à Amélie Nothomb.
L'héroïne de l'histoire est interprétée par Sylvie Testud que je ne connaissais pas bien. Je l'ai trouvée épatante, fragile et forte à la fois, à la gravité bluffante et très drôle aussi. Elle incarne à merveille le personnage autobiographique du roman de Nothomb piégé dans une dynamique, certes initiatique et formatrice, mais aux accents masochistes qui en font une sorte d'éloge de la servitude volontaire au bout du compte plutôt dérangeant. Coneau parle lui de dilettantisme de touriste pour décrire le personnage d'Amélie qui, tout en ayant l'air d'une victime choisit pourtant de rester jusqu'au bout alors que rien, pas même une nécessité économique, ne l'y force. Le film a d'ailleurs beaucoup de niveaux de lecture et autant de facettes, tant pour nous que pour les Japonais, les cinéphiles que les lecteurs. En revanche, j'en veux beaucoup aux abrutis qui ont conçu ce spot pour un jeu de grattage se déroulant dans un bureau japonais et qui est un plagiat maladroit et parodique du film alors que celui-ci est beaucoup plus fin et élaboré. Ça, c'est fait.
Mais il n'y a pas que Testud qui soit épatante dans le film. Il y a aussi la très belle Kaori Tsuji qui, avant le film, était un mannequin. On découvre dans le bonus consacré à la présentation du film lors du festival de Yokohama qu'elle parle français et ça la rend encore plus séduisante.
Et puis, outre Taro Suwa, Yasunari Kondo et Sekyo Fujita, je retiendrai encore Bison Katayama qui joue M. Ochi, le vice-président de l'entreprise et qui, en vrai, est un batteur de jazz formidable !


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